Définition générale ou préalable : L’anthropologie est l’étude de l’homme tout entier, dans toutes les sociétés à toutes les époques sous toutes les latitudes (géographiquement) et dans tous ses états.
L’anthropologie est le fait de « penser le rapport de l’unité et de la diversité humaine ».
L’anthropologie est la discipline entre groupe qui s’efforce de déterminer les invariants mais aussi les différences entre les sociétés humaines. Elle étudie et analyse aussi bien ses sociétés dans leur composante actuelle que dans une perspective historique.
Bref aperçu historique
Science humaine qui s’est construite à partir du XIXème siècle.
Trois postulats :
- Il n’y a pas de civilisations plus évoluées que d’autres
- Les traits culturels d’une société ne sont intangibles
- Les modes de civilisation jouent un rôle chef au niveau de l’individu
L’anthropologie est une science cumulative. CAD que différents courants ont vu le jour construisant à chaque fois un modèle de compréhension particulier. Ces modèles sont fondés sur des savoirs qui se juxtaposent et se complètent. Les premières données sur lesquelles s’est fondée l’anthropologie, sont des données ethnographiques (données recueillis sur le terrain. Fait à partir d’observation : comment ils mangeaient ? etc…). L’ethnologie est l’analyse des éléments ethnographiques et ça constitue une base essentielle de l’anthropologie.
- S’il existe des différences entre les sociétés qui s’expriment à travers leur culture ; ces différences ne sont pas hiérarchisable. Ça veut dire qu’il n’y a pas de société plus primitive que d’autre. Chaque société ou civilisation constitue un agencement particulier des différents faits sociaux et chacune fabrique des normes, des croyances, des mythes, des structures de pouvoir etc…
- Ça veut dire qu’ils sont susceptibles d’évoluer. Exemple français : la révolution est venue transformer la structure du pouvoir ; on est passé de la hiérarchie à la démocratie. Exemple anglais : la structure n’est pas la même chose puisqu’on est toujours sous monarchie mais démocratique et il n’y a pas eu de heurt.
- Ça veut dire que l’individu n’est pas libre d’évoluer comme il veut au milieu de ces contemporains. Ça veut dire que dans chaque société il y a des normes, des règles qui s’imposent à l’individu au niveau de sa façon d’être, même de penser : la culture influence par ses interdits et ses obligations la manière que l’homme a de comprendre le monde ainsi que sa place dans le monde.
La démarche anthropologique
L’ethnographie
L’ethnographie se définit comme « l’observation rigoureuse, par imprégnation lente et continue, de groupes humains minuscules ave lesquels les ethnologues entretiennent des rapports personnels ».
« L’observation participante » de Bronislaw Malinowki (1884-1942) consiste à se fondre dans un groupe dont on apprend la langue et les usages afin de les transcrire tels quels, « bruts » en quelque sorte, de manière à rassembler le matériau le plus objectif possible.
Claude Lévi-Strauss affirme que l’ethnographie réside dans l’observation et l’analyse des groupes considérés dans leur particularité et visant à la restitution aussi fidèle que possible de la vie de chacun d’eux. Cela suppose donc un séjour de terrain pour une collecte de donnés à travers une enquête d’observation direct (=fieldwork).
Pour Radcliffe Brown, le terme ethnographie s’applique à ce qui est spécifiquement un mode d’enquête dont le but consiste à rendre compte d’une manière acceptable de la réalité décrite et observée.
Pour George Dias l’ethnographie signifie l’étude descriptive des cultures particulières ou des sections d’une culture particulière. (Ex : soigner un malade = étude pratique particulière qui peut être observé et décrite comme tel).
Aline Sarrandon-Eck, 2009 « médecin et anthropologue, médecin contre anthropologue : dilemmes éthiques pour les ethnographes en situation clinique ». etchnographiques.org numéro17 – novembre 2008.
L’ethnologie
Née dans les années 1860, l’ethnologie est le stade de la première synthèse. Elle peut aussi bien étudier les sociétés dites traditionnelles que notre propre société.
Son « regard », l’ethnologue prend le temps de le former. Il apprend à le faire et surtout à le défaire de ses préjugés et stéréotypes (représentation rudimentaire et simplificatrice, relativement figée, servant à caractériser un individu ou un groupe).
C’est aussi un « art de l’écoute car elle incline à restituer la parole des sujets, leur vision des choses à travers leur propre histoire…
Exemple : Anne Vega (2004), une ethnologue à l’hôpital. L’ambiguïté du quotidien infirmier, Paris, Editions des archives contemporaines, coll. « une pensée d’avance ».
De l’ethnographie qui est un recueil de donné, on passe à l’analyse des données qu’on appelle ethnologique. C’est donc la mise en valeur d’une spécificité de chaque culture. Elle demande une remise en question de sa propre culture et une reconnaissance de chaque situation comme étant particulière.
L’anthropologie
Le terme, anthropologie vient de deux mots grecs, anthrôpos qui signifie « être humain » et logos qui signifie « étude » (ou « discours »).
L’anthropologie est la phase de généralisation théorique des idées sur les groupes humains et leurs cultures, à partir des différentes théories émises par l’ethnologie, après les avoir comparées.
« L’anthropologie est une discipline dont le but premier, sinon le seul est d’analyser et d’interpréter les différences ». Claude Lévi-Strauss, L’anthropologie structurale.
Exemple : Blandine Bila, (2009). « Anthropologie chez soi » auprès de personnes vivant avec le VIH à Ouagadougou : Empathie, méthode et position des acteurs, ethnographies.org, Numéro17 – novembre 2008.
Il s’agit de considérer un ensemble comme formé de particularité contenu dans un ensemble. (Chacun a son caractère propre mais tout tient dans un ensemble). Cela veut dire qu’on ne peut pas parler d’une chose, d’une situation, d’un individu sans faire de lien avec l’ensemble, CAD la globalité.
L’ethnocentrisme
En 1907, W.G. Summer introduit le mot « ethnocentrisme » : attitude collective consistant « à répudier les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques qui sont les plus éloignées » de celles propres à une société donnée. Ce jugement de valeur semble être universel.
L’ethnocentrisme se manifeste, notamment, de trois façons différentes :
- Nier l’humanité de l’autre (sauvage, barbare)
- Assimiler l’autre à soi (l’autre est identique à soi, on ne reconnaît pas l’originalité et l’identité de l’autre culture)
- Un réductionnisme scientifique (rationalité, croyance, efficacité, vision évolutionniste)
Le relativisme culturel, nie toute universalité, puisqu’il part du présupposé selon lequel toute croyance n’a pas de signification et de validé qu’à l’intérieur de son contexte d’usage, que du point de vue de sa culture. Comprendre ne signifie pas être en accord.
Les courants anthropologiques
L’évolutionnisme
Les idées de bases de ce courant sont les suivantes : pour eux, la société a évolué par étapes passant de la sauvagerie à la civilisation. Chaque étape correspond à un été donné des techniques : mode de vie et croyance et chaque étape marque le progrès de la société. Selon l’évolutionnisme, l’humanité est appelé à évoluer partout de la même manière (idée de conformisme).
Lewis Morgan ; Edward Tylor ; James Frazer
Le diffusionnisme
Apparaît vers la première partie du XXème siècle. Selon le diffusionnisme, la plupart des innovations sociales, techniques, mythologique se propagent par contact et influence grâce aux migrations et emprunts diverses. Il sous-estime la capacité de chaque peuple, chaque groupe social à résister aux changements générés par les éléments venant du dehors.
Le culturalisme
Ce courant est né dans les années 30. Il a commencé surtout à se développer aux EU à courant plutôt américain. L’idée centrale c’est que la culture et l’éducation d’une société contribue à forger une personnalité d’un type particulier.
Les principaux auteurs :
- Ralph Linton présente la culture comme un héritage social transmit à l’enfant et qui a pour fonction d’adapter l’individu à la société et celle-ci à son environnement.
- Ruth Benedict et Margaret Mead ont observés les différences de personnalité selon les cultures.
Il y a des questions qui subsistent par rapport à ce courant : si le propre de l’homme est d’inventer sa propre culture ; cela veut dire que celle-ci ne préexistait pas à l’homme puisque c’est lui qui en est l’initiateur. (Ex : un peu comme l’œuf et la poule)
Le fonctionnalisme
La question qui se pose pour eux : à quoi servent les institutions ?
Pour le fonctionnalisme, les institutions sociales (rites, structure de parenté, mœurs etc…) sont des dispositifs ayant un rôle à jouer au sein de la société. La démarche fonctionnalisme est la suivante :
- A quoi cela sert ?
- Quels en sont les causes ?
- Quels est sa place au sein de l’ensemble ?
Les principaux représentants sont :
Malinowski est connu par ce qu’il conteste une diversalité (pas universel) de l’œdipe (le complexe d’œdipe) et celle du mythe du meurtre du père qui serait constitutif de la société humaine. Selon lui, le complexe d’œdipe est une des caractéristiques des sociétés patriarcales.
L’apport de Malinowski a été important au niveau de l’observation participante (ça veut dire qu’il est parti en immersion complète) pour comprendre de l’intérieur les conduites des groupes, mais aussi de distinguer les discours et les règles énoncés par les groupes. Pour lui, si certains éléments culturels (rites, coutumes, règles) perdurent au sein d’une société, c’est qu’ils répondent à une fonction sociale précise.
Radcliffe Brown : pour lui la société fonctionne comme un système cohérant, il va monter que la parenté comme le mythe sont organisés en structure CAD des ensembles cohérant lié entre eux par des relations équilibrées.
Les principaux concepts
La culture
La notion de culture
La culture, dans son sens le plus large est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituel, matériel, intellectuelle et affectif qui caractérise une société ou un groupe social. Elle comprend les lettres, les arts, les modes de vies, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
La culture est donc l’ensemble des dispositions, de manières d’être et de faire, de connaissance, de croyance, de rapport à l’autre et à la nature qui se transmet. La fonction de la culture est d’asseoir un sentiment d’appartenance qui fonde à la cohérence un groupe d’humain donné.
L’existence d’une culture dépend d’une histoire lié à des enjeux de pouvoir de lutte de classe (Ex : imposer sa manière de s’habiller ou de se coiffer). Toute culture est le produit d’une interaction et les cultures sont interdépendante (dépendante des unes des autres) et en continuité les unes avec les autres (Ex : on ne peut pas comprendre la culture des manipulateurs si on ne comprend pas la culture médicale ; si on ne la met pas en lien avec)
Les caractéristiques fondamentales de la culture
La culture s’apprend dès la naissance grâce à la socialisation (processus à travers lequel la culture d’une société ou d’un groupe est transmise à la nouvelle génération. Il se produit en même temps que la construction de sa propre identité.
La culture permet à un groupe de se définir comme une identité collective particulière et distincte
La culture est déterminée par des conditions particulières liées aux environnements physiques, techniques et sociaux, ainsi qu’à la disponibilité de ressources
La culture représente un processus dynamique, en constant changement
Le phénomène d’acculturation
L’acculturation désigne les processus complexes de contact culturel au travers desquels des sociétés ou des groupes sociaux assimilent ou se voient imposer des traits ou des ensembles de trait provenant d’autres société. C’est même un phénomène universel et constitutif des cultures. L’acculturation n’est jamais à sens unique.
Trois types d’acculturation (cf : Roger Bastide, sociologue) :
- Une acculturation spontanée quand les cultures sont en contact libre
- Une acculturation forcée, organisée, imposée par un groupe comme lors de la colonisation ou de l’esclavage
- Une acculturation planifiée, maitrisée, comme le cas des Amish d’Amérique du Nord
L’intégration est le maintien de son identité culturelle tout en adoptant la culture dominante.
La syncrétisation est la combinaison entre la culture d’origine et la nouvelle, c’est une forme de métissage culturel.
Un multiculturalisme est la cohabitation de plusieurs cultures sans qu’il y ait de combinaison ou l’assimilation (religion)
L’assimilation est la disparition totale de la culture d’un groupe qui assimile et intériorise la culture de l’autre groupe avec lequel il est en contact (langues régionales…)
La contre acculturation est le rejet et le refus de la nouvelle culture donc le retour à la culture d’origine (sorte de repli communautaire)
L’ethnocide est la destruction systématique de la culture d’un groupe, c’est-à-dire l’élimination, par tous les moyens, non seulement de ses modes de vie mais aussi de ses modes de pensée. L’ethnologue Robert Jaulin utilise ce terme en 1970 (les Aborigènes australiens, les indiens d’Amérique du Nord…).
Les sous-cultures sont une subdivision d’une culture nationale en variante lié à des groupes particuliers (Ex : culture bretonne, culture normande, culture corse). Les appeler comme ça pose le problème d’une culture populaire : cela suppose qu’il existe une culture académique dominante.
La manière dont s’exprime la culture
Les mythes
Tous les peuples à un moment donné se sont donnés des légendes, des sortes de récits merveilleux. Le mythe apparaît comme un système d’explication du monde, un récit fabuleux d’origine populaire racontant des actions, des aventures, d’êtres personnifiant les forces naturelles, les exploits des dieux (Ex : mythe de Prométhée qui a dérobé le feu au dieu pour le donner aux hommes). Pour un groupe donné, le mythe est une histoire vraie (Ex : mythe de la création dans la genèse). C’est aussi une représentation collective des attitudes et des comportements de certains groupes sociaux (Ex : le mythe de la politesse française). Il est aussi une forme de représentation de grande valeur affective et psychologique symbolisé par un mot ou une formule (Ex : le mythe du progrès).
Le mythe sert à traduire les croyances, les sentiments religieux d’une société en expliquant de manière irrationnelle ses origines. Il permet d’assurer la cohésion du groupe. Ça apporte des réponses aux questions sur l’origine, l’existence, et sur la destinée. Il sert à structurer l’homme dans ses croyances, son besoin d’appartenir à un groupe, son besoin d’exister. (Ex : la peur de l’enfer).
Quel est l’impact du mythe dans la pratique soignante ? Ou dans l’histoire des manipulateurs radios ou des infirmiers.
Les rites
C’est un ensemble de règles établies pour ponctuer chaque évènement de la vie quotidienne (Ex : préparer la salle d’examen). Ils se définissent aussi comme un ensemble codifié de gestes accomplis, de paroles proférées, d’objets manipulés selon un ordre qui doit être suivi. (Ex : le rituel du chirurgien avant son intervention).
Les rites servent de conditions d’entrées dans un groupe. C’est ce qu’on appelle les rites de passage (Ex : accueil du nouveau lorsqu’on parle de baptême). Il y a toujours une dimension collective. (Ex : rituel de guérison, d’initiation à la vie, de fête, de funérailles).
Ils assurent une expression identitaire en termes de reconnaissance en forçant le sentiment d’appartenance. Les rites sont des lieux de construction de sens social mais servent surtout d’instrument de contrôle social. La référence au rite suppose une forme d’adhésion, une dose de croyance. En d’autre terme, l’existence du rite comme actualisation du mythe a besoin des croyances.
Les croyances
Elles reposent sur le fait de tenir pour vraie, d’affirmer sans pouvoir en apporter la preuve. De ce fait se pose la question de la fonction des croyances dans l’existence d’un individu ou d’un groupe. Elles se présentent comme une forme de régulation des rapports sociaux, elles ont pour fonction la cohésion sociale, elles donnent du sens à l’action.
La religion
C’est un ensemble de croyance et de rite qui définissent le rapport de l’être humain avec le sacré. Une religion particulière est définie par des éléments spécifiques à une communauté de croyants. (Ex : libre sacré, prière etc…). La forme des religions évolue à travers le temps. L’animisme et le chamanisme sont toujours pratiqués mais d’autres religions polythéistes ont disparus.
Les deux grandes fonctions de la religion :
- La première consiste à proposer un récit des origines du monde dans lequel un dieu vient créer le monde ou le mettre en ordre à partir d’un chaos originel.
- La deuxième fonction est sociale ; les préceptes qu’elle propose développe des arguments moraux qui structurent et encadrent les sociétés. Ces valeurs morales sont transcendantes : ça veut dire qu’elles dépassent l’homme et ne sont pas interrogeables.
Ces constructions morales ont été à la base des corpus juridiques des différentes sociétés (Ex : interdiction de tuer).
La magie
Phénomène social dont l’efficacité est d’ordre psychosomatique par la manipulation d’une force invisible. C’est le pouvoir d’entrer en contact avec les esprits, de se métamorphoser, de quitter la terre pour rejoindre le monde des esprits. Marcel Mauss a relevé trois éléments constitutifs de la magie :
- L’agent (magicien)
- Actes (ensemble de rites)
- Représentation (les idées et les croyances)
La fonction de la magie c’est de provoquer un changement d’état chez un individu ou un objet par le biais de l’ensorcellement, de l’exorcisme, la bénédiction etc… Y’a deux aspects : un mélange entre le rationnel et l’irrationnel ce qui explique que la magie reste assez encrée dans les cultures.
La mort
Les sociétés et la mort
Dans les sociétés africaines, en général, on a davantage peur de la mort à cause des retours possibles. Elles ont peur de la mort plutôt que du mort lui-même.
Au Mexique, parler de la mort c’est aussi parler de la vie. La mort est un passage d’une étape. (Ex : y’a un repas).
Dans le Japon traditionnel, la mort est l’aboutissement d’une longue vie. Elle est la dernière étape consistant à aller rejoindre les anciens sur la montagne.
Dans nos sociétés industrialisées, aujourd’hui, les mourants sont relégués à l’hôpital. Avant c’était un évènement familiale. Aujourd’hui, la famille a peu de temps à consacrer au mourant. De ce fait, dans presque tous les établissements de santé, il existe des spécialistes qui s’occupent de la fin de vie. Le mourant perd sa valeur sociale, il n’a plus de statut, il est chosifié, il est rendu à l’état de machine, de chose. Dans nos sociétés industrialisées, on ne porte plus le deuil. Par contre, on va valoriser le culte du souvenir des morts. Avec les progrès médicaux, le rapport avec la mort est devenu très complexe. De plus on a une présence obsédante de la mort dans les médias. La mort est inséparable de l’institution médicale.
Voltaire dit que l’espèce humaine est la seule qui sait qu’elle va mourir. Il est le seul capable de penser sa propre mort. L’homme a conscience de la mort.
Pour Descartes l’homme est une machine.
Pour Freud la mort est irreprésentable. L’Homme peut sentir qu’il est dans le mourir comme l’animal mais pas de manière précise. L’Homme agit comme s’il était éternel.
La mort est au cœur du questionnement humain, elle oblige l’homme a donner un sens à sa vie ou à la vie ; elle génère des angoisses et nourrit des fantasmes (sorte d’énigme pour l’homme).
Les religions et la mort
Pour les animistes, la mort est un voyage. Il n’est pas à sens unique car des retours ou des incarnations sont possibles. Pour eux l’au-delà est peuplé d’esprits redoutables qu’il faut apaiser. Le mort doit partir avec des rituels, des provisions, des armes et des offrandes.
Pour les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islam), l’âme est éternel, il y aura un jugement dernier ; il existe un paradis, un enfer, et un purgatoire.
Pour le bouddhisme et l’indouisme, la peur de la mort n’existe pas car il y a une renaissance dans d’autres mondes. Ce sont deux religions qui pratiquent l’incinération : ça australise le corps. Pour ce type de religion, on a différents types d’âmes.
Qu’importe les sortes de croyances et de religions, la mort reste la manifestation d’un désordre qui s’accompagne de gestes autorisant la reprise du cours normal de la vie. C’est pour ça qu’il y a des rites funéraires.
Les rites et rituels funéraires
Il y a 150 milles ans, l’Homme enterrait ses morts : façon de se déculpabiliser face à la séparation. Aujourd’hui, il y a un retour en force des anciens rites et nouvelles pratiques funéraires ont vus le jour. Exemple : accompagnement de la crémation, devenir des cendres. Il y a aussi la prise en compte des morts in-utéro (avant ils faisaient partis des déchets hospitaliers).
A quoi servent les rites funéraires ?
La fonction des rites funéraires et de ressouder la communauté. Ils ont aussi une fonction individuelle dans la mesure où ils aident à accompagner le deuil. Les rites funéraires sont révélateurs des valeurs et des croyances d’un groupe social ou d’une culture.
Ils ont aussi un but thérapeutique car ils soulagent ceux qui vivent la mort d’un des leurs, ils manifestent donc le respect accordé à la dépouille mortelle. Ils servent à faire face à la mort sans la fuir.
Rituels selon les croyances et selon les religions
Pour l’église catholique, il y a 3 gestes à effectuer avant la mort :
- Confessions
- Imposition des mains + extrême onction
- Dernière communion
Après le décès :
- Toilettes mortuaires
- Prière et recueillement
Pour les musulmans avant la mort :
Avant le décès, il faut prévenir la famille pour réciter la profession de foi (shahada).
Après le décès le rituel prévoit 3 actions :
- Toilette mortuaire faite par la famille ou la communauté
- Corps enveloppé dans un tissu, bras le long du corps, visage tourné vers l’est (la Mecque).
- Corps déposé dans la terre sans cercueil.
Pour les indouistes :
Comme la mort permet d’atteindre la délivrance, les proches avant la mort sont sereins et il n’y a pas de désespoir.
Après la mort : le fils du défunt va chuchoter un mot sacré à l’oreille de son parent. A partir de cet instants ; les proches ne touchent plus le corps. A partir de la mort du défunt il pose une lampe par terre. Corps enveloppé dans un tissu de fête avant création corps aspergé d’eau bénite. Il y a ensuite une crémation.
Pour les judaïstes :
3 actions à prévoir avant la mort
- Prévenir la famille ou la communauté pour accomplissement du rituel de l’acte religieux.
- Le mourant ne doit jamais rester seul, les derniers mots que le mourant va entendre.
- Toilette et purification du corps qui sera recouvert d’un drap blanc. Bougie allumée à côté de la tête, fils ainé ferme la bouche et les yeux du défunt.
Autopsie et crémation interdite. Le deuil dure 7 jours. A l’anniversaire de la mort ils allument une lumière pendant 24 heures.
Le deuil
Il a 2 significations :
- C’est un état affectif et douloureux provoqué par la perte ou par la mort d’un être aimé ;
- C’est aussi une période de douleur et de chagrin. Le travail de deuil aura donc pour tâche et pour mission d’accepter que l’être n’existe plus. Face à un objet ou une personne.
Dans nos sociétés, les rituels de deuil sont réduits. Il n’a plus d’expression sociale. Il subsiste néanmoins dans certaines régions de pratiques prononcées.
En Corse, le père et la mère portent le deuil pendant 3 ans ; le frère, la sœur et un jeune enfant aussi. Les enfants plus grands portent le deuil jusqu’à leur mariage. Et les veuves le portaient définitivement. Autrefois les veufs portaient le deuil définitivement en se laissant pousser la barbe et les cheveux et les femmes se faisaient des tresses. Croyance : les morts reviennent dans les familles avant de repartir.
Le deuil représente une certaine organisation sociale où les rôles sont parfaitement définis. Il s’agit d’un modèle culturel avec une représentation de la mort ponctuée de rites et de mythes.
Le soignant face à la mort de ses patients
Chaque soignant est confronté à la mort. Savoir repérer le groupe d’appartenance du patient permet d’orienter les premiers actes à accomplir face à un mourant. Dans notre société qui refuse la mort, le soignant est le seul confronté aux questions de la mort. Il doit aider à vivre comme à mourir.
La démarche interculturelle dans les soins
L’entrée dans un nouveau monde
Le patient perd ses repères fondamentaux (son statut, son habit, se prise de décision). Il doit s’adapter et parfois s’assimiler à de nouvelles normes et valeurs.
Une langue étrange et étrangère
Lors de sa formation, le futur soignant acquiert un nouveau savoir, et par ce fait un nouveau langage. Le jargon médical, en offrant une position professionnelle à son utilisateur, crée aussi une distance avec le patient (profane).
Utiliser des termes simples, faire répéter les directives à son patient et décrire la prise en charge sont les bases d’une bonne communication.
Une institution hiérarchisée
L’hôpital est une institution particulièrement hiérarchisée, officiellement et officieusement.
Traditionnellement, notre société oppose les « mains blanches », dont le statut est supérieur, à ceux qui ont à se salir dans les tâches.
Jean Peneff a montré qu’à l’hôpital le contact avec les corps et les souillures corporelles dépend du statut des personnels.
Le pouvoir soignant
Le soignant a entre ses mains la vie quotidienne du patient.
Lorsque l’attitude de certains soignés s’éloigne des normes des professionnels, elle peut susciter de nombreux étiquetages de leur part (cf : Anne Véga). Etiquetage du « bon » ou « mauvais » patient.
La notion de déshumanisation, a observé sur le terrain :
- Des professionnels de santé parlant devant un patient sans perdre en considération sa présence (toilette)
- Le ton pris lorsque l’on parle à un patient (adulte ou enfant)
- La place de la sexualité en maison de retraite
L’approche interculturelle de Margalit Cohen-Emerique
Le choc culturel est une situation conflictuelle qui se produit entre deux individus culturellement différents placées en interaction dans une situation sociale. L’approche culturelle permet de répondre à ce choc.
Les trois démarches de l’approche interculturelles :
- 1ère étape : la décentration : prendre distance, en réfléchissant sur soi, afin de faire émerger à la conscience son propre cadre de référence et tant qu’individu porteur d’une culture.
- 2ème étape : la connaissance du cadre de références de l’autre doit amener à connaître l’autre du dedans, reconnaissance de ce qu’il est.
- 3ème étape : la création d’un espace de dialogue et la négociation.
La démarche interculturelle implique de ne pas vouloir trouver une cohérence dans l’objet culturel, voir une ressemblance. (accepter la différence et la comprendre comme telle).
Elle implique de travailler sur des faits ancrés dans un quotidien et dans un contexte. Le patient reste le meilleur informateur non pas sur sa culture mais sur le sens que représente pour lui telle pratique culturelle ou religieuse. L’altérité signifie la reconnaissance de l’autre dans sa différence (ethnique, sociale, culturelle ou religieuse). Il est impossible de réduire quelqu’un à son milieu ethnique ou culturel. Tout être est unique. Les professionnels de santé désireux de fournir des soins culturellement appropriés doivent développer :
- Une évaluation culturelle : les manipulateurs doivent examiner leurs attitudes, leurs normes et les valeurs personnelles (projetées sur le patient)
- Un savoir culturel : consiste à connaître les croyances et les valeurs des patients et leurs incidences sur leurs réactions lors de la prise en charge.
- Un regard et une écoute qui se développent dans une observation méticuleuse d’une réalité, celle du patient.